Allison McNeill entraîne des athlètes féminines depuis plus de 30 ans et, depuis 2002, elle est entraîneure en chef de l’équipe féminine de basket-ball du Canada. Conférencière d’honneur et présentatrice, elle a fondé le Women’s Coaching Circle en 2009, une initiative qui permet aux entraîneures de basket-ball d’interagir, mais aussi d’apprendre auprès d’entraîneurs et d’entraîneures plus expérimentés et d’animateurs et d’animatrices. Au fil des ans, elle a consacré des milliers d’heures à la présentation de cliniques pour les joueurs, les joueuses, les entraîneurs et les entraîneures qui évoluent dans le basket-ball jeunesse en Colombie-Britannique.
Lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres, ses joueuses ont accédé aux quarts de finale, le meilleur résultat obtenu par l’équipe en 35 ans, ce qui témoigne sans contredit de la contribution qu’Allison a apportée au basket-ball de même qu’à l’ensemble de la collectivité de l’entraînement. Le dévouement dont elle fait preuve à l’égard de l’entraînement et les efforts qu’elle déploie pour mettre cette profession en valeur lui ont valu d’être désignée lauréate du Prix Geoff Gowan, qui souligne la contribution de toute une vie au développement de l’entraînement au Canada. L’ACE s’est entretenue avec Allison à la fin de septembre afin de discuter de l’expérience olympique, en plus de profiter de l’occasion pour solliciter les conseils de l’une de nos meilleures entraîneures.
ACE : Quelle a été votre plus belle réussite lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres?
Allison McNeill : Il y en a eu tellement! Premièrement, notre équipe a très bien joué tout au long des Jeux. Nous avons aussi été très fiers de nos joueuses, car elles se sont soutenues les unes les autres, elles ont joué les unes pour les autres et elles ont goûté à l’expérience olympique les unes avec les autres. Il s’agit d’un groupe de femmes exceptionnelles qui forment une équipe merveilleuse. C’était fantastique de battre le Brésil et de se classer parmi les huit meilleures équipes. Il y avait 12 ans qu’une équipe canadienne n’avait pas participé aux Jeux olympiques! Il s’agissait de notre meilleur classement en 35 ans. Nos athlètes ont aussi trouvé un bel équilibre entre la préparation, la participation aux matchs et la joie de faire partie des grandes célébrations olympiques.
ACE : Selon vous, quel effet l’excellente performance de l’équipe canadienne lors des Jeux aura-t-elle sur le basket-ball féminin au Canada?
AM : Le thème des Jeux de Londres était «Inspirer une génération», et j’espère que c’est ce que notre équipe olympique fera. Il y a tellement de parents et d’athlètes qui m’ont dit avoir regardé tous nos matchs et aimé voir notre équipe jouer. Je crois sincèrement que le Canada a choisi la bonne approche pour le basket-ball. Nous utilisons le modèle de DLTA, nous bâtissons des fondations solides et nous formons nos entraîneurs et nos entraîneures; de plus, je suis persuadée que le fait que notre équipe se soit qualifiée et ait participé aux Jeux olympiques aura aussi des répercussions considérables sur la croissance de notre sport. Il est tout de même exceptionnel que pendant les deux semaines qu’ont duré les Jeux, des jeunes filles aient pu voir des modèles féminins, des Canadiennes remarquables, qui pratiquaient le sport qu’elles aiment : LE BASKET-BALL!
ACE : Quel est le plus gros défi lorsqu’on travaille dans un sport d’équipe?
AM : Sans aucun doute, ce qui est le plus complexe dans un sport d’équipe, c’est de «souder» l’équipe, de faire en sorte que tout le monde soit sur la même longueur d’onde et collabore pour réaliser un objectif commun. Au sein d’une équipe, la chimie ne s’installe pas comme par magie. Les athlètes, les entraîneurs, les entraîneures et le personnel de soutien doivent y croire, puis travailler à développer la complicité et la culture d’équipe. Chaque personne doit accepter le rôle qu’elle a à jouer et contribuer aux succès de l’équipe. Il n’y a pas de petit rôle lorsqu’on fait partie d’une équipe qui participe aux Jeux olympiques, tout le monde est important. Si on pratique un sport d’équipe, la seule façon de se rendre jusqu’aux Jeux, c’est de travailler ensemble – une joueuse ne peux pas y aller toute seule, elles doivent toutes être là!
ACE : Est-ce que vous vous fixez des objectifs précis pour chaque match, ou ces objectifs sont-ils toujours les mêmes?
AM : Nous avons des objectifs précis pour chaque match et une stratégie différente pour chaque équipe que nous affrontons. Mais nous avons aussi établi un «plan de match» qui repose sur ce que nous faisons efficacement, et ce plan ne change pas, peu importe l’équipe à laquelle nous nous mesurons. Comme pour tous les autres sports d’équipe aux Jeux olympiques, les matchs de basket-ball s’étirent sur deux semaines. Il est donc essentiel que nous soyons capables de nous préparer mentalement et physiquement à nous entraîner et à jouer tous les jours.
ACE : Comment vous y prenez-vous pour motiver vos joueuses et faire en sorte qu’elles restent concentrées lors d’un match important?
AM : Ces athlètes sont parvenues jusqu’à l’équipe nationale; elles ont donc déjà une grande motivation personnelle! Depuis quatre ans, nous travaillons aussi avec un merveilleux psychologue du sport, Roger Friesen, qui aide l’équipe à accroître sa concentration et à se préparer en vue des grandes compétitions. Les membres du personnel entraîneur s’efforcent de demeurer calmes et attentifs afin de pouvoir apporter les modifications requises pendant les matchs. L’art de l’entraînement consiste à savoir quand il faut faire preuve d’un peu plus d’intensité!
ACE : Quelles sont les plus importantes qualités qui forment le caractère que vous enseignez à vos joueuses?
AM : Il y a beaucoup de qualités qui sont importantes dans les sports d’équipe, dans la vie et lorsqu’on veut avoir du succès dans ce qu’on souhaite accomplir. À titre d’entraîneure, ce sont d’abord et avant tout ces caractéristiques et ces qualités que je recherche chez les athlètes. Nous les aidons ensuite à prendre appui sur les qualités qu’elles possèdent déjà pour s’améliorer. Nous prônons une série de valeurs d’équipe en lesquelles nous croyons :
- la confiance et l’intégrité;
- la responsabilité;
- le respect;
- l’engagement;
- la franchise dans la communication;
- la ténacité;
- la résilience.
ACE : Lorsque vous vous remémorez votre première saison, sur quel plan vous êtes-vous améliorée le plus depuis en tant qu’entraîneure?
AM : Wow! J’ai de la difficulté à me rappeler ma première saison… C’était il y a si longtemps! Je ne suis pas capable de nommer une seule chose parce que je pense qu’au fil des ans, j’ai apporté beaucoup d’améliorations à ma façon de travailler, mais en voici quelques-unes :
- ma capacité à rester calme malgré la pression;
- ne pas avoir peur de demander de l’aide ou du soutien aux autres;
- organiser mon temps et trouver un peu d’équilibre dans ma vie;
- ma connaissance du basket-ball au niveau international;
- écouter nos athlètes les plus expérimentées, qui ont un énorme bagage de connaissances et qui mettent leur passion au service de sport, et aussi du Canada.
ACE : Depuis le début de votre carrière, quels sont les changements les plus marqués que vous avez observés dans le domaine de l’entraînement?
AM : Tout comme ce qui passe ailleurs dans la société, je crois que la technologie que nous utilisons pour l’entraînement a complètement changé. Il y a beaucoup plus d’analyses de films et de vidéos qu’à mes débuts. C’est extraordinaire et ça rend le travail beaucoup plus plaisant. De plus, je considère qu’il est aujourd’hui incontournable de travailler avec d’autres professionnels et professionnelles, par exemple, des psychologues du sport, des nutritionnistes, des physiothérapeutes, des médecins, des spécialistes de la préparation physique, des physiologistes de l’exercice, etc. Il y a 10 ou 12 ans, ce n’était pas habituel dans les sports d’équipe, mais ça l’est certainement maintenant. Nos joueuses ont la chance d’avoir ces ressources à leur disposition et elles savent qu’elles peuvent obtenir une aide et un soutien de calibre mondial. Les athlètes restent dans le sport beaucoup plus longtemps. Par le passé, la plupart des athlètes féminines cessaient de jouer vers l’âge de 22 ou 23 ans, mais ce n’est plus le cas maintenant. L’équipe américaine qui a remporté la médaille d’or aux Jeux comptait sept joueuses de plus de 30 ans, et la moyenne d’âge était de 28,7 ans au sein de cette équipe.
ACE : Quelle est la plus importante leçon que vous avez apprise sur le plan de l’entraînement en participant au PNCE?
AM : Encore une fois, je crois que j’ai appris beaucoup de choses lors de ma formation en entraînement et qu’il est difficile de n’en nommer qu’une seule. Il y a plusieurs années, j’ai suivi la formation de Niveau 4 du PNCE et la plus grande leçon que j’ai apprise, c’est que je ne pouvais absolument pas être une experte dans tous les domaines et que tous les entraîneurs et entraîneures ont besoin de soutien. J’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs et professeures lors des cours de Niveau 4 que j’ai suivis à l’Université Fraser Valley. Non seulement ces gens m’ont aidée, mais ils ont aussi aidé notre équipe nationale.
Par conséquent, l’une des principales leçons que j’ai apprises grâce au cours de Niveau 4 du PNCE est qu’il faut se constituer un réseau et demander de l’aide! Entourez-vous de personnes talentueuses! J’ai de formidables entraîneurs et entraîneures adjoints qui travaillent avec moi dans l’équipe nationale, sans parler de la crème de la crème quand il s’agit des physiothérapeutes, des médecins, des spécialistes de la préparation physique, des nutritionnistes et des psychologues du sport. Enfin, je crois sincèrement qu’il ne faut jamais cesser d’apprendre; plus vous apprenez de choses et maintenez vos connaissances à jour, plus vos athlètes seront performants et performantes.