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Par Sheila Robertson

Brenda Van Tighem vient tout juste de franchir l’une des plus importantes étapes de sa carrière d’entraîneure. Sa destination : Daegu, en Corée du Sud, où a lieu le Championnat du monde d’athlétisme 2011 du 27 août au 4 septembre. (http://www.daegu2011.org/do/front/main/en)

À titre d’entraîneure personnelle de l’athlète Sam Effah, champion national de sprint, et de l’athlète Ammon Nelson, coureuse de relais de talent, Van Tighem est sur place, non seulement pour encadrer ses protégés, mais aussi pour partager la fébrilité ambiante de l’une des plus prestigieuses manifestations sportives au monde.

Avec les Jeux de Londres 2012 à nos portes – dans moins de 11 mois –, le championnat du monde 2011 revêt encore plus d’importance dans la mesure où athlètes, entraîneurs et entraîneures ont l’occasion d’évaluer s’ils sont ou non sur la bonne voie en vue de se tailler une place au sein de l’équipe olympique canadienne.

Van Tighem, originaire de Trail, en C.-B., professeure d’éducation physique et spécialisée de profession, a déjà rêvé de mener une équipe d’une petite ville jusqu’à un championnat provincial. Elle pouvait difficilement viser des objectifs plus élevés car, au fur et à mesure que les athlètes sous sa férule faisaient des progrès, la plupart déménageaient vers les grandes villes. Néanmoins, croyant dur comme fer que le perfectionnement professionnel pourrait éventuellement lui ouvrir des portes, elle a entrepris de franchir les étapes du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), atteignant le Niveau 4, et a même obtenu une maîtrise en kinésiologie. Lorsqu’elle a commencé à mener des athlètes jusqu’aux championnats nationaux juvénile et junior, Athlétisme Canada (AC) l’a remarquée et lui a demandé de participer aux Jeux du Canada et de se joindre à des équipes nationales, y compris à titre d’entraîneure en chef au championnat panaméricain junior d’athlétisme de 1999. Et durant toutes ces années, elle a toujours été (et elle est encore) entraîneure bénévole.

Finalement, désillusionnée après avoir obtenu à l’occasion un poste au sein d’une équipe, avant d’être remerciée sans explications, Van Tighem a pris la décision d’abandonner sa carrière d’entraîneure.

Après être déménagée à Calgary en 2001, elle a reçu une invitation de la part des entraîneurs Doug Lamont et Les Gramantik de l’Université de Calgary de se joindre à eux à titre d’assistante dans le cadre du programme d’entraînement axé sur la vitesse et la puissance. Ce poste lui plaisait car elle avait ainsi l’occasion d’apprendre quelque chose de nouveau à chaque jour et surtout de relever un défi personnel. Elle pouvait également envisager travailler durant de nombreuses années avec des athlètes, notamment Nelson, qui est avec elle depuis l’école secondaire, et Effah, dont elle est l’entraîneure depuis cinq ans. «Je peux continuer à travailler avec ces athlètes car ils souhaitent demeurer à Calgary, alors tout fonctionne bien finalement. Il va sans dire que d’autres auraient bien aimé les prendre sous leurs ailes mais, étant donné qu’ils n’ont pas cessé de faire des progrès, ils ont choisi de rester avec moi».

Effah lui-même le disait récemment : «Brenda est toujours là pour nous, peu importe que tu sois un très grand athlète ou non. Aucune discrimination de sa part, et elle fait tout ce qu’elle peut faire comme entraîneure. Ses connaissances de notre sport m’ont transformé et m’ont permis de passer du statut d’athlète passable à celui d’athlète d’élite de renommée mondiale, sur le point de passer sous la barre des dix secondes.»

Afin de pouvoir continuer à exercer sa profession d’entraîneure, Van Tighem a réussi à obtenir des subventions à gauche et à droite, ce qui en retour lui a permis de trouver un emploi à temps partiel à l’Université Mount Royal où elle dirige les programmes d’alphabétisation et d’initiation à l’arithmétique pour adultes. Il y a quand même une certaine ironie, note-t-elle, «à se retrouver autour de la même table avec mon équipe de soutien, que je dirige, et de savoir que tout le monde reçoit un salaire, sauf moi.»

Une subvention assez importante provient du Programme d’apprentissage en entraînement d’une équipe nationale (PAEEN) de l’Association canadienne des entraîneurs qui offre aux entraîneures canadiennes l’occasion de travailler au sein de leurs programmes d’équipe nationale respectifs jusqu’aux et pendant les compétitions internationales d’envergure. En 2010, Van Tighem a fait une demande, sur la recommandation de Donna Harris, directrice du développement des entraîneurs d’AC, et une fois acceptée, elle a eu la chance d’être jumelée à Gary Winckler, son mentor. Winckler, un homme affable et facile d’accès, est l’entraîneur personnel de Perdita Felicien, coureuse de haies deux fois championne du monde, et Van Tighem ne tarit pas d’éloges à son égard.

«C’est une personne formidable, toujours à l’écoute, très décontractée; nos rapports sont harmonieux, car nous travaillons dans une ambiance sereine et sécuritaire. Je peux lui demander tout ce que je veux et à chaque fois, sa réponse est toujours positive.»

La première année a été consacrée à l’élaboration des rapports entre les deux, en grande partie par courriel et au téléphone, car Winckler est installé à la University of Illinois Urbana-Champaign. Van Tighem et Winckler se réunissent également lors de différentes manifestations sportives, comme les championnats nationaux, et parfois aussi à Calgary où s’entraîne Felicien. «Je lui propose un type d’entraînement, je lui fais part de mes idées, je le tiens au courant des plus récents développements, et il me fait part à son tour de ses observations et commentaires; c’est très agréable de travailler avec lui et tout ça est possible grâce au PAEEN.»

Van Tighem reçoit également l’appui de B2dix (http://b2ten.com/fr.html), une association qui offre des services en lien avec l’entraînement et la préparation à des athlètes dûment sélectionnés, et qui investit aussi dans le développement des entraîneurs et entraîneures et des fournisseurs de services. C’est ainsi que Van Tighem a pu bénéficier d’un billet d’avion à destination de Changwon, en Corée du Sud, où avait lieu un camp d’entraînement avant le championnat du monde. AC a également contribué en lui offrant une aide financière partielle pour participer à un camp d’entraînement sur le relais, tenu récemment à Ottawa, tandis que le PAEEN a aussi apporté sa contribution pour ce camp et d’autres camps d’entraînement et activités qui ont eu lieu plus tôt cette année.

Par les temps qui courent, Van Tighem voit parfois son nom apparaître dans les médias, étant donné qu’Effah grimpe de plus en plus au classement mondial. Même si elle préfère rester dans l’ombre, elle est bien consciente du fait que la présence des médias dans son entourage pourrait encourager un commanditaire à se manifester, comme l’a déjà fait B2dix. «Entraîner, c’est ma passion, et pouvoir m’y consacrer à temps plein serait tout simplement formidable. J’adore le bénévolat, mais lorsqu’on en fait trop, l’effet d’usure et l’épuisement risquent d’être au rendez-vous.»

Elle mentionne qu’Effah et Nelson sont deux athlètes ciblés pour 2016 à Rio de Janeiro, s’ils souhaitent continuer après les Jeux de Londres, bien entendu. Leur décision aura une incidence sur son avenir à elle. Mais pour le moment, c’est une étape à la fois. Grâce au PAEEN, elle sait qu’elle a les outils et le soutien nécessaires pour les mener jusqu’à Londres. «La profession d’entraîneure est très enrichissante sur le plan humain; vous apprenez à très bien connaître les gens, vous relevez des défis sur le plan personnel et vous aidez vos athlètes à se surpasser.»

Pour en savoir plus à propos de Brenda, lisez le numéro d’avril 2011 du Journal canadien des entraîneures. (http://23361.vws.magma.ca/WOMEN/f/journal/avril2011/index.htm)