Il y a environ sept ans, j’ai entendu une discussion au sujet du programme Au Canada, le sport c'est pour la vie. J’ai tout de suite été emballée par l’idée. Une philosophie sportive canadienne qui n'aiderait pas uniquement nos athlètes de pointe, mais aussi tous les Canadiens et Canadiennes avait enfin été élaborée. En tant qu’enseignante au niveau secondaire et mère de deux jeunes enfants, j’ai été particulièrement attirée par le stade S’amuser grâce au sport. Je suis tout à fait d'accord avec le fait que les enfants doivent apprendre à courir, à botter, à frapper, à lancer, à sauter et à attraper – pour ne nommer que quelques-unes des habiletés liées aux fondements du mouvement – avant même de pouvoir acquérir des habiletés de base propres à un sport en particulier, comme lancer un ballon de basket-ball ou de football. Le programme sur les habiletés liées aux fondements du mouvement du PNCE a été élaboré suivant cette philosophie, et j'ai la chance d’animer ce cours.
J’ai commencé par l’enseigner à mes élèves de sixième année du secondaire, qui ont ensuite transmis leurs connaissances dans des écoles de niveau primaire. Cela a été une expérience très enrichissante pour les élèves. Ensuite, j'ai commencé à parler de cette formation; je suis devenue personne-ressource et j’ai donné ce cours aux quatre coins du pays avec plusieurs autres excellentes personnes-ressources et éducateurs et éducatrices. Partout où nous sommes allés, la réaction était la même : « Voilà précisément ce qui manquait à la formation des entraîneurs et des entraîneures ».
En tant que mère qui voyage fréquemment et qui est souvent retenue dans des réunions lors des sorties éducatives et des réunions de parents, j’éprouvais des difficultés à trouver des moyens d’aider les membres de ma communauté. J’ai donc décidé de contribuer à ma façon en proposant de former les enseignants et enseignantes de l’école de mes enfants. Au début, j’ignorais si mon offre susciterait de l’intérêt. Mais le personnel de l'école Lincoln Heights, à Waterloo, en Ontario, a sauté sur l’occasion : presque tous les membres du personnel d’enseignement étaient présents lors du module de perfectionnement professionnel, qui a duré trois heures. Après avoir enseigné toute la journée, et épuisées par leur semaine de travail, ces personnes sont restées à l’école pour apprendre, grandir et faire preuve d'ouverture relativement aux manières d’observer les fondements du mouvement chez les enfants. J’ai été très impressionnée par leur dévouement et leur désir d'apprendre. Elles ont engagé des discussions intéressantes, créé des jeux et parlé des façons de mettre en pratique ce qu’elles venaient d’apprendre.
Grâce à l’appui de l’école, nous avons décidé de filmer le matériel didactique supplémentaire que nous créons actuellement pour les HFM à l’école. D’abord, je suis allée à l’école pour observer les habiletés liées aux fondements du mouvement des enfants. Après une journée complète d'observation de plus de 160 écoliers et écolières, j'étais ébahie, abasourdie et surprise. J’ai alors pris conscience, plus que jamais auparavant, des faiblesses de nos élèves en ce qui concerne les habiletés liées aux fondements du mouvement. Les enfants de type sportif pouvaient être capables de lancer et d’attraper, mais pas nécessairement de sauter ou de frapper. Les enfants qui n'étaient pas de type sportif possédaient une bonne habileté pour lancer, mais cela n’était pas favorisé. De façon générale, plusieurs élèves présentaient des lacunes dans toutes les habiletés liées aux fondements du mouvement. Nos enseignants et enseignantes ne sont pas à blâmer pour cette situation. En fait, c'est notre système en général qui doit être montré du doigt. Soit les enfants ont appris à pratiquer un sport à un âge si jeune qu’ils ne connaissent que le hockey ou le basket-ball, plutôt que d’avoir appris plusieurs sports ou acquis les habiletés liées aux fondements du mouvement, soit ils n’ont jamais pratiqué de sport.
En Ontario, et dans plusieurs autres provinces, nous n’accordons plus de valeur aux spécialistes là où leur présence est probablement la plus nécessaire : à l’école primaire. Étant donné que les enfants y vont tous, l’école devrait être l’endroit idéal pour inculquer et améliorer les habiletés liées aux fondements du mouvement, lesquelles contribueraient au recul de l’obésité et inciteraient les enfants à demeurer actifs durant le reste de leur vie. Mais les enseignants et enseignantes ont besoin de formation pour y parvenir, et ce service n’est malheureusement pas offert. Au chapitre des matières, l’éducation physique est souvent négligée par rapport à l’anglais ou aux mathématiques. Pourtant, elle est tout aussi importante. Plusieurs postes de conseiller et de conseillère dans ce domaine ont été supprimés. Par conséquent, les enseignants et enseignantes ignorent vers quelles ressources se tourner pour aider les élèves à améliorer ces étapes essentielles dans une vie. Je suis heureuse que les enseignants et enseignantes de Lincoln Heights aient saisi l’occasion d’acquérir des connaissances au sujet des fondements du mouvement.
Avant de filmer, j'ai repris le travail avec les élèves. J’ai été stupéfaite par la vitesse à laquelle les élèves avaient amélioré leurs habiletés. J’ai pris conscience qu’exercer les fondements du mouvement ne suffisait pas : l’intervenant ou l’intervenante doit savoir quels aspects examiner pour aider les enfants à s'améliorer. Après deux séances de 45 minutes axées sur des habiletés liées aux fondements du mouvement appropriées pour leur âge et leur stade de développement, les élèves ont commencé à améliorer leurs habiletés. Quant à moi, j'ai éprouvé du plaisir à aider ma communauté et à créer une ressource qui, je l’espère, aidera les enseignants et enseignantes, les entraîneurs et entraîneures et les leaders auprès des enfants pour que nos élèves aient le choix d'être actifs durant toute leur vie. Nous avons hâte de présenter, cet automne, la nouvelle ressource. Merci Lincoln Heights de m’avoir appris autant que je vous en ai appris!