Randy Bennett, e.p.a., est l’entraîneur en chef de l’équipe canadienne de natation qui prendra part aux Jeux olympiques de Londres en 2012, et il est également entraîneur en chef à la Victoria Academy of Swimming depuis 2008.
Lors des Jeux olympiques de 2008 à Beijing, Randy était l’entraîneur de Ryan Cochrane, qui a remporté une médaille de bronze au 1 500 m nage libre. Entraîneur en chef lors du championnat mondial de 2009, il a dirigé une équipe qui a gagné deux médailles d’argent et une médaille de bronze. Il a depuis vu les membres de l’équipe canadienne monter sur le podium à plusieurs reprises en œuvrant comme entraîneur en chef lors du championnat mondial de 2011 et des Jeux du Commonwealth de 2010.
Depuis qu’il a entrepris sa carrière d’entraîneur il y a plus de 30 ans à Fort McMurray (Alberta), Randy a eu le plaisir de travailler avec certains des meilleurs nageurs et nageuses au Canada et il a aussi fourni de l’encadrement à de futurs entraîneurs et entraîneures en agissant comme entraîneur mentor et conférencier invité à l’Institut national de formation des entraîneurs de Victoria (Colombie-Britannique).
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Quand êtes-vous devenu entraîneur? Pourquoi?
J’ai débuté dans l’entraînement il y a 30 ans. Je travaillais comme sauveteur à la piscine et, comme il y avait un poste d’entraîneur «suppléant» à temps partiel à combler, j’ai dit que j’allais m’en charger.
J’ai poursuivi mes activités d’entraîneur parce que je m’intéressais beaucoup à l’aspect «affaires» de ce travail. Si on dirige un club qui connaît du succès, on gagne bien sa vie, et ce concept m’intéressait. J’envisageais de devenir enseignant mais, en étant entraîneur, je n’avais pas à m’en tenir à un programme établi, ce que j’appréciais beaucoup.
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Qu’est-ce que vous aimez le PLUS dans votre rôle d’entraîneur de l’équipe nationale?
1) Pouvoir travailler avec des athlètes de calibre mondial.
2) Être payé pour m’amuser. J’ai une vie vraiment fantastique! J’ai le privilège de recevoir de l’argent pour exercer ma profession aux plus hauts niveaux. C’est une vie remarquable et une occasion extraordinaire. Chaque jour, je me dis que j’ai beaucoup de chance.
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Comment le PNCE vous a-t-il préparé à remplir vos fonctions d’entraîneur de l’équipe nationale?
J’ai suivi mon premier cours du PNCE en 1982 – le contenu a beaucoup changé depuis! Toutefois, à l’époque, ce n’était pas le contenu qui m’attirait; ce qui me semblait plus précieux que tout, c’était la possibilité d’obtenir de l’information de la part des gens (les titulaires de cours et les autres entraîneurs et entraîneures) qui évoluaient dans le PNCE.
Je m’implique toujours dans le PNCE en tant qu’entraîneur mentor et titulaire invité à l’INFE de Victoria. L’an dernier, j’ai agi comme mentor de Rick Say, qui a participé trois fois aux Jeux olympiques, et de Gord Veldman, qui est actuellement entraîneur en chef du Juan de Fuca Coho Swim Club; donc, j’entretiens encore des liens avec le programme.
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Selon vous, qu’est-ce qui fait que vous êtes un entraîneur efficace?
Je crois que je devine bien les motivations des gens et que je suis très cohérent. Ce que je dis en septembre, je le dis aussi sur le bord de la piscine lors des Jeux olympiques.
Être honnête et être un bon communicateur sont aussi des aspects importants. Les athlètes veulent que les messages soient clairs et concis. Cela vaut mieux que d’avoir une image trop complaisante ou défavorable de soi. Les athlètes savent que je vais leur dire la vérité. Il ne s’agit pas d’une évaluation de leur personnalité mais d’une évaluation de leur performance.
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Sur le plan de l’entraînement, quel sera votre plus grand défi en préparation des Jeux olympiques de 2012 à Londres?
Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose que nous ne sommes pas déjà prêts à affronter. J’ai parfois l’impression que les gens espèrent en coulisses que l’on va s’effondrer devant le spectacle des Jeux olympiques. Je ne m’attends pas à d’autres défis que ceux auxquels nous sommes confrontés chaque jour.
Ce seront mes troisièmes Jeux après Sydney et Beijing. Les Jeux de Sydney ont été les pires parce que nous n’étions pas préparés. Je ne le savais pas avant que tout soit fini. Je me suis fait avoir en ne voyant que le côté spectaculaire des «Olympiques». Bien sûr qu’il y a de la pression, mais c’est la raison pour laquelle nous sommes là. Nous devrions y prendre du plaisir au lieu de nous créer des obstacles.
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Décrivez l’une des plus importantes leçons que vous avez apprises en faisant de l’entraînement.
On apprend les plus grandes leçons lorsqu’on analyse ce qui s’est passé à la fin d’un cycle. C’est la beauté de l’entraînement : on a la possibilité de recommencer et de corriger nos erreurs. Nous procédons à l’évaluation critique du programme en compagnie de nos ESI (équipes de soutien intégré) et cela nous permet d’en apprendre énormément. C’est en se soumettant à une évaluation que l’on en apprend le plus. Le plus difficile, c’est de savoir quoi évaluer. Il y a des gens qui croient que c’est une formule magique mais, lorsqu’on le fait régulièrement, on commence à bien comprendre la situation. Cela ne vise pas juste la compétition – il y a beaucoup d’autres variables. On doit établir des paramètres clairs et les évaluer périodiquement.
Hier, j’ai eu une réunion avec nos fournisseurs de services. J’entraîne Ryan (Cochrane) depuis qu’il a 13 ans et nous disposons de huit années de données à son sujet. Nous pouvons les consulter et prendre des décisions relatives au programme. Tout athlète qui arrive doit accepter que des données soient recueillies à son sujet, et l’entraîneur ou l’entraîneure doit être à l’aise avec l’idée de recueillir ces données.
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Jusqu’à maintenant, quel a été votre meilleur moment ou votre plus grande réalisation en tant qu’entraîneur?
Ce serait facile de mentionner un excellent résultat mais je ne sais pas si c’est l’une de mes réalisations ou celle des athlètes. J’ai parfois obtenu un très bon résultat avec un athlète ailleurs qu’aux Jeux olympiques. J’ai vu mes athlètes fournir de bonnes performances dans différents domaines mais il ne faut pas s’attarder uniquement aux résultats. Il y a d’autres résultats qui peuvent avoir une grande signification pour vous, et ils ne sont pas toujours connus du public.
Je pense que c’est intéressant de pouvoir exercer une influence sur les changements; on siège à un comité et on se met à parler des changements qui pourraient être apportés à notre sport. Grâce à ma position, je suis en mesure de contribuer au développement de la natation et c’est une situation qui est très intéressante.
Au cours des dernières années, la culture qui entoure la natation a énormément changé. Lorsque nous sommes arrivés à Beijing, Ryan et moi pensions vraiment que nous pouvions gagner mais ce n’était pas l’attente que nous nous étions fixée. Alors que nous nous apprêtons à nous rendre à Londres, nous nous attendons à fournir des performances dignes du podium. C’est un changement d’attitude marqué et je suis heureux d’en faire partie.
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Avez-vous autre chose à ajouter?
L’entraînement permet de vivre une vie absolument remarquable. Profitez-en. Très peu de gens ont un travail aussi amusant que le nôtre. Nous avons beaucoup de chance, et je crois qu’on l’oublie parfois.