Dean Campbell
À Rankin Inlet, un hameau de 3 000 habitants au nord-ouest de la baie d’Hudson, dans l’ouest du Nunavut, la plupart des jeunes jouent au hockey ou au soccer. Cela dit, depuis 15 ans, Lisa Kresky, entraîneure certifiée du PNCE et conseillère en orientation, offre une troisième option – la gymnastique –, sport qui a changé la vie de centaines de résidents de Rankin Inlet.
C’est en 2004, peu après son arrivée dans le hameau, que Kresky a mis sur pied Aqsarniit Ujauttaq (le club de gymnastique des aurores boréales). Aujourd’hui, le club compte 145 membres âgés de 1 à 57 ans.
Kresky s’est mise à la gymnastique à l’âge de 9 ans, et dès l’âge de 13 ans, elle commençait à entraîner d’autres jeunes de son club, à Stratford, en Ontario. Au fil des ans, elle est allée chercher plusieurs certifications du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), en gymnastique et en soccer.
« Le PNCE nous enseigne les fondements du coaching, de même que les mesures de sécurité et les bonnes techniques dans le sport, explique-t-elle. Ce que j’ai appris du PNCE est encore pertinent 25 ans plus tard. »
En créant son propre programme de gymnastique, elle souhaitait transmettre sa passion aux résidents de Rankin Inlet. Dans le cadre de son travail comme conseillère en orientation, elle doit constamment composer avec des problèmes de santé mentale. Pour les membres du club, le temps passé au gym est source d’expériences positives, peu importe leurs ambitions sportives.
« Nous essayons de répondre à tous les besoins de la communauté, précise Kresky. Nous voulons que les gens continuent de pratiquer le sport et qu’ils aient du plaisir. Nous n’aspirons pas à former des athlètes olympiques. »
Le club doit son existence aux bénévoles. Kresky et les autres entraîneurs donnent de leur temps sans rien attendre en retour, et les séances ont lieu dans un local libre.
« Nous installons et démontons tout l’équipement à chaque séance », explique Kresky. Durant l’année scolaire, les membres du club s’entraînent dans l’école, et lorsque celle-ci ferme pour les fêtes et congés, ils se trouvent un autre endroit. « Si le gymnase est pris pour un autre sport, nous nous entraînons dans les halls ou la salle de musculation si elle est libre. »
Même s’il s’agit d’un club communautaire, les membres ont pu participer à des voyages et à des expériences sportives enrichissantes. Cette année, une équipe du club se rendra à Dornbirn, en Autriche, pour participer à la Gymnaestrada mondiale. Il s’agit d’un rassemblement mondial ouvert aux gymnastes de tout âge, de toute capacité et de tout niveau qui a lieu une fois tous les quatre ans.
Pour l’équipe de Rankin Inlet, ce voyage en Autriche demande beaucoup d’efforts. La campagne de financement lancée il y a plus de six mois a permis d’amasser la moitié de la somme visée, et il faudra recueillir encore 60 000 $ pour que l’équipe puisse participer à l’événement. Les athlètes et les entraîneurs se sont rendus à Vancouver pour obtenir le privilège de représenter le Canada en Autriche.
« L’équipe qui ira à la Gymnaestrada a pu aller à Las Vegas, aux Bahamas et à Vancouver, souligne Kresky. Ces voyages donnent non seulement aux jeunes l’occasion d’en apprendre plus sur leur sport, mais sont aussi très formateurs d’une façon générale, car ils leur permettent de découvrir des villes et des cultures très différentes de la leur. »
L’objectif de Kresky pour Aqsarniit Ujauttaq est de favoriser la flexibilité et la créativité dans la création de la routine. Chaque gymnaste est libre d’élaborer sa propre routine avec la musique de son choix. Cette liberté de créer a contribué à maintenir la motivation des athlètes, et Kresky adore les regarder s’entraider et stimuler la créativité de leurs pairs.
Les routines ayant résulté de ce processus ont permis aux athlètes de Rankin Inlet de se frayer un chemin jusqu’à la Gymnaestrada où ils présenteront leur vision du monde aux autres participants.
« Mes gymnastes ne feront pas de gros sauts périlleux, indique Kresky. L’une de nos routines met réellement en vedette la culture inuite et la vie dans le Nord. »
Durant leur séjour en Europe, les membres de l’équipe passeront trois jours à Paris. Comme cette ville incarne la représentation qu’ils se font de l’Europe, elle a été ajoutée à l’itinéraire pour enrichir leur expérience de voyage.
« Certaines personnes disent que ce voyage n’aura jamais lieu, affirme Kresky en parlant de la Gymnaestrada. Elles ont dit la même chose au sujet de Las Vegas et des Bahamas, et nous leur avons dit “attendez de voir”. »
Une grande partie de l’œuvre de Kresky va bien au-delà de la création et de l’exécution de routines : avec ce club, elle a réussi à transmettre aux jeunes des leçons de vie sur l’établissement et l’atteinte d’objectifs, à les motiver à en faire plus pour leur communauté, à mettre à profit leur créativité pour découvrir le monde et à dépasser toutes les attentes.
« Quand je regarde mon programme aujourd’hui, je constate que nous avons réellement bâti une communauté, observe Kresky. Deux de mes entraîneurs ont pu aller à l’université et sont revenus pour travailler et entraîner les jeunes à Rankin. »
La réussite de Lisa Kresky repose sur une formation de qualité du PNCE et son programme est une grande source de fierté dans la population de Rankin Inlet.
Pendant ce temps, Kresky continue d’être investie dans son développement en tant qu’entraîneure. Elle a récemment participé aux Jeux d’hiver du Canada 2019 à Red Deer en tant que membre du Programme des apprentis entraîneurs. Avant les Jeux, elle a participé à deux ateliers de développement professionnel axés sur la formation du PNCE, le développement du leadership et la formation d’entraîneurs de haut niveau.
Pour en savoir plus sur le PNCE ou pour vous inscrire à un cours, consultez le http://www.coach.ca/-s15408.