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Ressource pour le module de formation en ligne sur la lutte contre le racisme dans l’entraînement au Canadae 

Préparée par le laboratoire de recherche IDEAS de l’Université de Toronto le 16 décembre 2021 

Janelle Joseph, Alex I. McKenzie et Shalom Brown 

Termes et définitions 

Allié actif – Personne privilégiée qui lutte assidûment contre le racisme aux côtés des victimes de racisme par différentes actions : (1) permettre aux communautés racisées de s’exprimer, les écouter et respecter leurs besoins; (2) utiliser son privilège pour sensibiliser les gens et leur parler des transformations en cours pour contrer le racisme systémique complexe; (3) éviter de demander aux victimes de discrimination de prodiguer des enseignements; (4) s’éduquer en consultant des ressources accessibles au public sur la lutte contre le racisme, les Autochtones et les préjugés; (5) embaucher des personnes racisées; et (6) viser des normes axées sur la diversité (éviter de prioriser les idées et les besoins des personnes blanches). Pour en savoir plus, visitez le socialwork.tulane.edu/blog/allyship

Altérité – Position de personnes ou groupes considérés comme « les autres » parce qu’ils semblent différents ou qu’ils ne font pas partie du groupe dominant. L’altérité peut être fondée sur des caractéristiques sociales (race, genre, capacité, orientation sexuelle, etc.) différentes de celles du groupe dominant. L’altérité peut mener à la discrimination. 

Appels à l’action – Appels générés par la Commission de vérité et réconciliation du Canada pour progresser vers la réconciliation. Trois appels portent sur le sport et les pratiques d’entraînement : sensibilisation du public à l’histoire des athlètes autochtones au pays (no 87); développement à long terme et appui des athlètes autochtones par le financement des Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (no 88); politiques, programmes de sensibilisation contre le racisme et initiatives nationales dans le sport qui intègrent les peuples autochtones et qui sont pertinents sur le plan culturel (no 90). 

Autoréflexion – Processus d’autoexamen de ses valeurs, besoins et préjugés pour améliorer sa compréhension et interagir avec les autres de façon plus consciente et objective. 

Blanchité – Façon dont les coutumes, la culture, les croyances et les standards de beauté et de professionnalisme des gens Blancs servent de critères de comparaison pour tous les autres groupes. La normalisation de la blanchité a créé une culture où les personnes racisées sont perçues comme inférieures ou anormales. 

Cisgenre (personne cissexuelle ou cis) – Personne dont l’identité de genre correspond à son genre assigné à la naissance. Par exemple, une personne dont le genre assigné à la naissance est féminin et qui s’identifie comme une femme. Le contraire d’une personne cisgenre est une personne transgenre. 

Colonialisme – Situation où une nation prend le contrôle politique total ou partiel d’une autre nation, colonise ses terres et exploite économiquement ses terres et ses populations. Ce système, sur lequel repose la fondation du Canada, a toujours cours. Le colonialisme est directement lié au racisme systémique, car il divise les personnes en fonction de catégories raciales utilisées pour justifier l’exploitation. 

Contre-histoires – Méthode utilisée par les communautés noires et autochtones pour exposer, analyser et remettre en question l’histoire et les savoirs, souvent présentés selon une perspective étroite et unique. Les contre-histoires mettent en lumière les vérités nuancées et multiples à propos d’expériences et de populations racisées faussement représentées. Elles favorisent une réflexion critique sur le privilège et soulignent comment la société repose toujours sur des systèmes d’oppression interreliés. 

Déni racial – Fait d’éviter les discussions liées à la race, ce qui favorise la circulation d’informations erronées et permet aux personnes blanches, à leur culture et à leurs idées de demeurer centrales et privilégiées. Puisque le racisme est perçu comme un terme à forte connotation culturelle que l’on associe à de mauvaises personnes, il est difficile d’en parler ouvertement. Les gens peuvent être mal à l’aise et sur la défensive, fermés et peu disposés à en discuter directement, ce qui renforce le langage codé (p. ex., décrire un cas comme étant « urbain », exprimer l’idée qu’on ne « voit pas la race »). Ce phénomène est parfois appelé « aveuglement racial ». 

Discrimination – Refus d’accorder un traitement égal, des avantages ou des occasions à des personnes ou à des groupes ou leur imposer un fardeau inéquitable en raison de caractéristiques physiques ou perçues, de l’appartenance à un groupe racisé ou de préjugés sur leurs capacités. La discrimination peut être involontaire, mais elle résulte d’une distinction faite sans égard aux circonstances, à la valeur ou aux capacités d’une personne. 

Entraînement tenant compte des traumatismes – Adoption de pratiques d’entraînement qui reconnaissent les traumatismes des participants et qui appuient leur guérison et leur capacité à s’épanouir. Ce type d’entraînement exige une connaissance des connexions entre le corps et le cerveau, des réactions comportementales et symptômes liés aux traumatismes et des différentes causes de traumatisme, de même qu’une compréhension du besoin de sécurité, de limites clairement établies et de confidentialité. 

Être un allié renseigné – Utilisation de son privilège pour défendre et soutenir la guérison, la célébration et la résurgence des communautés racisées et autochtones. Les entraîneurs renseignés élargissent leurs connaissances pour reconnaître la nature nuisible et bien enracinée des processus coloniaux, les séquelles découlant des pensionnats autochtones et le racisme persistant. Ils s’engagent activement dans les démarches de réconciliation et de lutte contre le racisme, notamment des manières suivantes : recours à la réflexivité critique; intégration des connaissances des communautés autochtones locales; dénonciation des comportements et pratiques racistes. 

Favoritisme – Système d’inclusion et d’accès privilégié à des emplois et à des promotions fondé sur des relations amicales ou familiales. Cette pratique est souvent perpétuée chez les personnes blanches où les hommes blancs, cisgenres et sans handicap sont plus susceptibles d’occuper un poste de pouvoir et de recruter des personnes qui leur ressemblent. 

Fragilité blanche – Malaise vécu par les personnes blanches en Amérique du Nord, qui vivent dans un environnement social qui les protège du stress racial. Cet environnement fait en sorte qu’ils s’attendent à un certain degré d’aise sur le plan racial et diminue leur capacité à supporter le stress racial, ce qui explique la « fragilité blanche ». Toute remise en question de la blanchité entraîne un malaise. Ce malaise est normal et doit être reconnu. 

Intersectionnalité – Phénomène où chaque groupe fait différemment l’expérience du racisme étant donné les distinctions en matière de race, de genre, de handicap et d’orientation sexuelle propres à chacun. L’intersectionnalité met l’accent sur la simultanéité et le renforcement mutuel des aspects de l’oppression fondée sur les identités complexes. Par exemple, une personne autochtone bispirituelle qui réside sur l’île de la Tortue (Amérique du Nord) incarne un esprit masculin et féminin et n’adhère pas à la binarité de genre; elle peut être victime de discrimination combinant le racisme, le sexisme et l’homophobie. 

Lutte contre le racisme – Mesures proactives de lutte contre les iniquités raciales. La lutte contre le racisme reconnaît l’existence du racisme systémique et s’attaque activement aux inégalités de pouvoir entre les groupes et structures qui le perpétuent. Elle demande une analyse constante des structures, politiques et programmes afin qu’ils demeurent justes et équitables pour tous. 

Méritocratie – Système où les groupes raciaux ont un accès égal et où la réussite d’une personne est fondée sur le mérite et le travail. Par des processus transparents, la méritocratie assure l’égalité des chances pour l’accès à des positions au sein des équipes, à des emplois d’entraîneur-chef et à des rôles de direction. 

PANDC – Sigle désignant les personnes autochtones, noires et de couleur. Son utilisation est plus largement répandue depuis le mouvement Black Lives Matter. 

Personne transgenre (ou trans) – Personne dont l’identité de genre diffère du genre qui lui a été assigné à la naissance. Par exemple, une personne pourrait s’être vu attribuer le genre masculin à la naissance, mais s’identifier comme une fille ou une femme. Une personne trans peut aussi s’identifier à un genre au-delà de la binarité qui se résume à l’homme et à la femme (genre queer, variant ou non binaire). En cas de doute quant aux pronoms à utiliser pour désigner une personne, il faut respecter les mots qu’elle emploie pour se décrire. 

Perte de talents – Conséquence négative d’une sélection incorrecte ou du rejet malavisé d’un participant par l’entraîneur d’une équipe. La perte de talents provient surtout des biais cognitifs jouant sur le discernement, comme les préjugés inconscients, et des facteurs situationnels orientant les décisions, comme l’insensibilité culturelle. 

Préjugés inconscients – Stéréotypes sociaux inconscients visant des groupes de personnes. Ils sont formés à partir d’idéologies et de connaissances admises comme universelles et inhérentes, fondées sur les concepts coloniaux de racialisation et d’altérité. 

Privilège – Droits et manières d’être que les personnes qui n’ont jamais vécu de discrimination tiennent pour acquis. Même si une personne bénéficie de certains privilèges (aucun handicap, race blanche), elle peut vivre d’autres types de discrimination (personne queer, femme). Les gens qui jouissent du privilège blanc peuvent éprouver des difficultés dans leur vie et devoir lutter pour obtenir un poste, un diplôme ou un salaire. Toutefois, ils ne subissent pas de discrimination raciale. Le pouvoir associé au privilège peut servir à changer les systèmes discriminatoires. 

Race, personne racisée – Aspect non fondé sur des critères physiques et génétiques; la race est plutôt une idée sociale, politique et historique créée par les groupes socialement dominants. C’est lorsqu’on attribue des définitions à des groupes qui n’étaient auparavant pas catégorisés que les gens deviennent racisés (p. ex., les Cris et les Mohawks deviennent des Autochtones; les Yoroubas et les Jamaïcains deviennent des Noirs). Les membres du groupe sont alors perçus comme ayant des points communs et sont traités comme tels; leurs caractéristiques individuelles sont effacées. 

Racisme contre les Autochtones – Fausses croyances à propos des populations et communautés autochtones et oppression de ces communautés. Dévalorisation et éradication continues des terres, de la culture, de la langue et des façons d’être des Autochtones. 

Racisme contre les Autochtones dans le sport – Phénomène où bien des participants et entraîneurs travaillent, s’entraînent et jouent sans être touchés par le racisme sur les plans personnel ou institutionnel ni avoir à penser à l’effacement de la culture autochtone. Soulignons les stéréotypes racistes contre les participants et entraîneurs autochtones, les mascottes racistes, le maintien des stéréotypes voulant que les Autochtones soient violents, l’exclusion raciale et la sous-représentation dans les postes de leadership. 

Racisme individuel – Attitude négative envers une personne, fondée sur des croyances malavisées quant à l’infériorité de son groupe racial. Le racisme individuel se reflète dans les actions et les paroles d’une personne, de façon consciente ou inconsciente, directe ou indirecte et intentionnelle ou non intentionnelle. 

Racisme institutionnel – Pratiques discriminatoires à l’encontre d’un groupe ou traitement différentiel d’un groupe en raison de la race. Ce traitement est le résultat de règles, politiques et règlements établis par une institution et qui, en retour, sont influencés par les normes, les valeurs et les principes tout en les façonnant. Le racisme institutionnel est perpétué par des personnes au sein d’organismes qui, en raison de leurs relations, leur formation et leur allégeance à l’organisme, respectent et appliquent ces règles, politiques et règlements. 

Racisme systémique dans la certification des entraîneurs – Règles et pratiques des systèmes qui ne s’appliquent pas uniformément à tout le monde en fonction de différences individuelles et communautaires. Les processus de certification en entraînement qui demandent une formation coûteuse, des séances sur place et de longues démarches désavantagent les personnes qui vivent en région éloignée et qui proviennent de milieux socioéconomiques moins nantis. Les personnes autochtones sont exclues de manière disproportionnée des processus de certification en entraînement. 

Racisme systémique – Discrimination par des politiques et pratiques pouvant sembler neutres à première vue, mais qui excluent des groupes racisés dans de multiples organismes qui forment un système. Le racisme survient chaque jour, dans toutes les strates de la société, et touche chaque personne. L’inégalité raciale soutenue est liée aux institutions et systèmes sociaux et est ancrée dans des pratiques telles que l’embauche et la promotion. Ces systèmes comportent des règles et des pratiques intrinsèquement exclusives. Les personnes autochtones et racisées subissent du racisme systémique (dans les institutions et systèmes sociaux comme la santé, l’éducation et le sport) lorsque les règles s’appliquent différemment à elles, qu’elles font l’objet de préjugés négatifs ou qu’elles reçoivent un traitement moins favorable. 

Racisme – Croyance qu’un groupe est supérieur aux autres. Le racisme se manifeste par toute action ou pratique où des personnes sont traitées différemment à cause de leur couleur ou de leur appartenance ethnique. Cette distinction est souvent utilisée pour justifier la discrimination. 

Réflexivité critique – Manière de relever, de remettre en question et d’évaluer les idées reçues bien ancrées ou de longue date, une étape essentielle au processus de décolonisation. Elle recadre les suppositions, perspectives et discours dominants généralement admis comme inhérents et vrais dans le contexte colonial qui les a créés et remet en question les relations de pouvoir qui permettent de les perpétuer. Sentiment des personnes blanches qu’une chose leur est due – Résultat d’un enseignement qui amène les personnes blanches à penser qu’ils méritent de se sentir à l’aise, à avoir une compréhension simpliste du racisme et à décider du moment et de l’endroit où le sujet sera abordé de la « bonne » façon. 

Séquelles du système des pensionnats – Conséquences des pensionnats toujours profondes à ce jour et qu’il est très important de comprendre et de reconnaître, de même que la violence coloniale subie par les communautés autochtones. Transmises par voie de traumatismes intergénérationnels, ces séquelles se constatent dans la perte continuelle de la langue, de la culture et des enseignements traditionnels ainsi que dans le mal-être. Les Canadiens non autochtones continuent de profiter des conséquences et de la violence des pensionnats et du colonialisme, car l’effacement de la culture et de la langue autochtones ainsi que l’expulsion des Autochtones de leurs terres ont permis au Canada de devenir une nation. 

Standards de beauté blancs dans le sport – Standards de beauté fondés sur la représentation de la féminité blanche, soit une femme blanche aux cheveux longs, aux traits anguleux et à la silhouette fine. En présentant ces standards comme la norme intrinsèque de ce qui est beau, « bon » et moral, on exclut automatiquement les personnes racisées de ces définitions, les catégorisant ainsi fautivement comme laides, « mauvaises » et immorales. 

Stéréotype de la minorité modèle – Perception selon laquelle certains groupes racisés sont plus susceptibles de poursuivre des études supérieures et de progresser dans leur carrière, en plus d’être des leaders naturels plus compétents et travaillants que d’autres groupes racisés. Ce stéréotype vise souvent les personnes asiatiques de l’Est et du Sud et est préjudiciable, car il peut masquer la discrimination à l’encontre de ces groupes et créer des attentes injustifiées et impossibles à satisfaire, en plus d’établir une hiérarchie raciale où les personnes noires et les Autochtones sont au bas de l’échelle. 

Stéréotype de la présomption d’incompétence – Discrimination fondée sur la race, la classe sociale, les capacités et le genre qui conduit à des préjugés voulant que certaines personnes racisées soient incapables de réussir, peu compétentes ou ignorantes. Contrairement au stéréotype de la minorité modèle, qui attribue injustement des capacités de leadership et de travail acharné aux personnes asiatiques de l’Est et du Sud, ce stéréotype vise généralement les personnes noires et autochtones et leur attribue injustement une mauvaise éthique de travail et un faible quotient intellectuel. Il s’agit du contraire du stéréotype de la minorité modèle. Par exemple, croyance qu’une personne est forte physiquement, mais peu intelligente et rigoureuse au travail (stéréotypes qui remontent au temps de l’esclavage). 

Stéréotypes – Croyances, connotations et mythes persistants attribués à des groupes particuliers pour maintenir l’ordre social. Perpétués par les médias et les programmes d’éducation, les stéréotypes sont perçus comme des vérités universelles, essentielles ou naturelles sur les groupes raciaux. Les stéréotypes peuvent être à ce point ancrés que même lorsqu’une preuve vient les contredire, on réagit par la surprise au lieu de démanteler ses préjugés. Deux exemples de stéréotypes préjudiciables sont le stéréotype de la présomption d’incompétence et le stéréotype de la minorité modèle. 

Système des pensionnats – Système utilisé pour assimiler les enfants autochtones dans la société canadienne blanche. Les enfants ont été violemment arrachés à leur famille et ont subi des abus physiques, sexuels, émotionnels et psychologiques. Ce système était fondé sur des idées coloniales racistes qui déshumanisaient les peuples autochtones pour les « civiliser » par des systèmes d’éducation chrétienne blanche, y compris par les sports. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996. Plus de 7 000 enfants sont morts dans ces pensionnats et un grand nombre d’Autochtones sont des survivants ou des descendants de survivants. 

Traitement discriminatoire – Situation où les membres d’un groupe social se voient offrir moins d’occasions et sont moins bien traités que d’autres malgré leur solide éthique de travail et leurs bonnes performances athlétiques. Les comportements enracinés dans des idéologies racistes contribuent aux lacunes présentes dans le système sportif canadien. Par exemple, des entraîneurs et participants racisés qualifiés ne sont pas pris en compte ou sont sous-évalués. Les entraîneurs et les administrateurs de sport qui n’ont pas conscience de la façon dont leurs préjugés peuvent être discriminatoires sont susceptibles de les reproduire envers des entraîneurs et participants racisés, ce qui renforce l’inégalité dans les sports. 

Universalisme blanc – Apprentissage qui amène les personnes blanches à considérer leur point de vue comme objectif et représentatif de la réalité. Ils apprennent aussi à se voir comme des personnes traitées de la même façon que les autres, comme lorsqu’un Blanc affirme qu’on l’a « déjà insulté par le passé ». 

Vérité et réconciliation – Commission canadienne mise sur pied pour documenter les répercussions du système des pensionnats et formuler des recommandations pour développer et maintenir des relations de respect mutuel entre les populations autochtones et non autochtones du Canada.